• Saturne

     Saturne

     

    Saturne     Saturne est en tous points l'opposé de Jupiter, et on les comprend mieux en les opposant l'un à l'autre. Jupiter déverse sa surabondance : il donne et, de ce fait, il reçoit. Saturne au contraire ressent un manque et croit qu'il ne doit pas donner : le circuit d'échange ne se produit pas. Par principe, Saturne est un être de concentration, de rétraction, de cristallisation, de pesanteur. Saturne tend à limiter, à restreindre, à ralentir, à conserver, à épargner, à fixer. Il représente l'instinct de conservation et le besoin de sécurité. Il établit des structures afin de durer et manifeste ainsi une avidité à tous les niveaux. Mais il exprime aussi l'usure inéluctable des choses.

        L'élément cosmique propre à  Saturne est la Terre (le sec et le froid). Ce qui, chez les individus, se traduit par un tempérament nerveux, analogue à celui des Mercure, mais beaucoup plus froid, donc aux réflexes lents ; le sujet est un asthénique et non pas un émotif remuant.

        Saturne représente l'ossature du corps, le métabolisme du calcium, les parathyroïdes. Son action s'exerce aussi par le nerf vague (ou nerf pneumogastrique), qui ralentit le grand sympathique jupitérien.  

        L'action perturbatrice de Saturne se traduit par des processus tels que le vieillissement, les carences, l'asthénie, les scléroses, les atrophies, l'arthritisme par manque d'élimination, les lithiases, les rhumatismes déformants, la constipation, les caries, les maladies osseuses, la surdité. Les maladies chroniques ou à évolution lente sont gouvernées par Saturne. Lorsqu'il n'est pas dissonant, Saturne accroît au contraire la résistance organique ; s'il économise ses forces et suit un mode de vie convenable, il peut au contraire être un facteur de longévité et d'équilibre.

        Sur le plan physiologique, Saturne apporte avec lui l'introversion la plus typique. Les affects subis ne provoquent pas de réaction extériorisée, et l'émotion s'intériorise : il se produit un mouvement de repli vis-à-vis   du monde extérieur, d'où par compensation une intensification de la vie intérieure, avec le risque de perte du contact vivant que cela peut entraîner.

        Saturne correspond au type " Pensée introvertie " de Jung, avec accentuation de la cérébralité, tout étant passé au crible de la réflexion logique ; le sujet dès lors fait montre d'hésitation et manque d'esprit de décision. 

        Selon la caractérologie de Le Senne, Saturne est non  émotif, actif, secondaire, de type flegmatique. En réalité, l'émotivité de Saturne existe bien, mais est refoulée. Aussi, extérieurement, le sujet peut paraître froid et inémotif, bien qu'il puisse être perturbé intérieurement.

        En psychanalyse, Saturne correspond au stade oral, celui où le nourrisson est fixé au sein maternel ou au biberon. Si le sevrage se traduit par un traumatisme, est mal accepté, l'enfant suce son pouce, s'accroche à sa mère, craint le monde. Marqué par la nostalgie du sein maternel, il aura besoin de protection, de sécurité, s'attachera constamment au passé. C'est le complexe de sevrage, exprimant une avidité d'amour toujours insatisfaite, compromettant l'épanouissement affectif de l'adulte, qui déplore de se voir chichement mesurer les joies de l'amour partagé. Tout au moins manifestera-t-il un instinct possessif excessif, une jalousie insupportable. Au mieux une certaine mélancolie accompagnera les étapes de sa vie amoureuse, marquée par l'insatisfaction, la solitude ou les séparations.

        L'émotion typiquement saturnienne est la peur. Celle-ci s'explique par le faible coefficient d'agressivité martienne que possède en général un Saturnien. Celui-ci se sent alors frappé d'un sentiment d'infériorité (réelle ou imaginaire) donnant naissance à la crainte, à la peur et à l'inhibition devant le risque. Le Saturnien essaie de compenser cela par la recherche d'avantages durables et sans risques, satisfaisant ainsi son besoin de sécurité. Nous retrouvons ici l'instinct de conservation. 

        Au contraire de Jupiter, Saturne est dans l'impossibilité de donner l'excès de vitalité et de chaleur qu'il ne possède pas : tous les excès lui sont donc interdits, sous peine d'épuiser  ses ressources profondes. Malgré ses désirs, il ne peut pénétrer dans le royaume de l'abondance charnelle et matérielle réservé à Jupiter. Il se replie donc et trouve un certain épanouissement dans le royaume de la cérébralité, où il se délecte à manier les idées, les théories, tout en regrettant amèrement de ne pouvoir jouer le rôle brillant imparti aux astres plus dynamiques. Le pire serait qu'à défaut même des joies cérébrales, il évolue vers la mélancolie, trouvant même un plaisir morose dans les tourments délicieux du masochisme. Le sentiment de culpabilité est également l'un des coins sombres où Saturne risque d'aboutir lorsque les dissonances astrales bloquent toute réaction positive.

      La personnalité saturnienne 

            De tout ce qui précède, il ressort l'image d'un sujet plutôt sévère, d'abord froid, avare de manifestations chaleureuses. C'est un être où la cérébralité domine, qui se concentre, réfléchit avant d'agir, mais est capable de poursuivre toute sa vie un même but, un même idéal. Pour lui, le temps ne compte pas, ni les efforts, mais il ne gaspille ni l'un ni l'autre, sauf bien entendu dans les cas pathologiques.

        D'une logique rigoureuse, porté vers l'abstraction, méticuleux, très analytique, il manque cependant d'objectivité et fait preuve d'une grande méfiance envers tout ce qui ne lui plaît pas. Il n'y a pas de philosophe ou d'inventeur sans l'influence de Saturne, a dit Anne Osmont. Il y a toujours en lui une recherche d'absolu, accompagnée d'un esprit de système : tout cela devenant chez le Saturnien dissonant, empreint de négativisme, de scepticisme, d'entêtement, de fanatisme intellectuel. Trop prudent, trop cartésien, il possède néanmoins un type d'intelligence qui peut atteindre, par la méditation et la concentration, un haut degré de philosophie.

          On peut lui reprocher un manque d'imagination créatrice, un sens esthétique inexistant qui lui fait apprécier tout ce qui est grave, rigide, sombre, calculé, sans exubérance.

         Revenant aux indications psychanalytiques, Barbault distingue deux sous-types de saturniens : tout d'abord, le mal sevré qui, devant son mal de vivre, se réfugie dans le détachement, l'indifférence et parfois l'ascèse et la sagesse. L'autre n'a pas accepté sa carence affective et s'efforce de la combler par un violent attachement à l'existence et à la matière ; il manifeste alors une boulimie de possession et de jouissance, un égoïsme qui confine au parasitisme. C'est le cas de nombreux " souteneurs " au psychisme infantile.

     Plan social et destin

           " Saturne est mal à l'aise dans la vie pratique, lent à se décider, craignant les hommes, solitaire et d'une indépendance farouche " (Dr Corman). Son besoin de sécurité, qui est l'un de ses côtés négatifs, le pousse à  se créer des systèmes de protection, matériellement, mais aussi intellectuellement : avec des principes, des règles, il se sent plus à l'aise.

        Ses qualités pratiques sont : la prudence, la prévoyance, la persévérance, le  labeur obstiné. Ses défauts sont : la méfiance, l'entêtement, la mesquinerie, le doute, l'égoïsme, la rancune, l'avarice, l'orgueil secret, le refus d'autrui et le refus du réel. Sa moralité peut être décevante.

        Sa réussite est lente et progressive, due plus à la patience et au mérite, sans aucune faveur de la chance. L'échec peut être dû à un manque d'adaptation, à des spéculations risquées, au manque de sympathie qu'il inspire parfois.

        L'action saturnienne joue sur une dialectique avidité renoncement. La leçon que donne cet astre, c'est de savoir prendre conscience de son égoïsme et de le transmuer en désintéressement, tout au moins en plus de liberté vis-à-vis   de la matière. Il doit savoir ajuster sa vie aux circonstances qu'il ne peut modifier. Pour surmonter les soucis et les peines dus à  Saturne, qui est l'éternel insatisfait, nous devons cesser de nous tracasser, oublier volontairement nos craintes et y substituer de nouvelles idées.

        Dans le thème individuel du sujet saturnien, on étudie sa position pour comprendre :

        - comment jouent les instincts d'avidité, de conservation et de possession, et leurs répercussions qui entraînent une plus ou moins grande insatisfaction dans la vie personnelle ;

        - les inhibitions diverses, refoulement, regrets, craintes, insécurité, envies, jalousies, rancunes, dues souvent à l'emprise du passé, par le fréquent côté régressif et répressif de Saturne ;

        - les tendances à la cérébralité excessive et à l'abstraction, à la mélancolie, au repli sur soi, les épreuves et séparations inéluctables ;

        - le domaine où jouent au mieux la force morale, l'esprit philosophique, la prudence, la ténacité. 

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